Parce que je galère pour retrouver mon histoire
Parce que plus je cherche et plus je découvre à quel point j'ai été coupée de mes origines et à quel point ce pays, mon pays, n'est pas le mien. C'est plutôt moi qui suis sienne. Iels m'ont racontée. Ecrite. Prédite. Assignée. Aliénée. Colonisée.
Tout ce qui est fait pour moi sans moi est fait contre moi?

Parce que cette galère, cette recherche, je crois que je ne suis pas la seule à la vivre. Qui suis-je vraiment? Quels sont mes désirs? Mon libre-arbitre est-il vraiment le mien? Comment le savoir? Et comment savoir où placer le prochain pas?
Faire le tri. Faire le clair. Et savoir. Savoir enfin d'où je viens. Comment je me suis construite. Pour me déconstruire et savoir où je vais. Où je veux.
Moi. Nous. Car encore une fois je ne suis pas seule.

L'audience

Les personnes afro-descendantes (Afrique du Nord et Afrique sub-saharienne) issues des actions marchandes et coloniales de la France

Les sujets abordés

  • L'histoire pré-coloniale des pays et régions du monde des afro-descendants d'aujourd'hui
  • L'expérience et les identités de l'afro-descendance aujourd'hui
  • Les pistes/informations pour se projeter dans l'action demain

Les objectifs

  • Accompagner la prise de conscience de nos vécus et la mise en perspective de nos constructions identitaires
  • Mutualiser le fruits des recherches de chacun·e de nous concerné·e·s (faisant partie de l'audience donc) et menées bien souvent individuellement
  • Débusquer et, si possible, écrire nous-mêmes nos histoires, les bouts qui en manquent
  • Soutenir la réappropriation d'un passé dont nous pouvons être fièr·e·s
  • Partager les ressources qui nous ont permis et nous permettent de décoloniser nos identités
  • Créer des pistes et des espaces de soin, de guérison, de collaboration individuels et collectifs
  • Soutenir le passage à l'action (solidarité, militantisme, associatif, entraide, etc...)

Un commun informationnel de l'afrodescendance francophone collaboratif et évolutif

Parce que la tâche est ardue, longue, infinie même peut être. Parce que, je crois, nous sommes nombreux·ses, nous, les afrodescendant·e·s, à faire ce chemin à rebours, à mener cette quête, autant s'y mettre à plusieurs.
Parce qu'il y a encore tout à faire pour compléter l'Histoire, nos histoires. Et remplir les vides. Reconnaître ce que nous avons de commun tout en y trouvant nos places en tant qu'individus. Et enfin atteindre notre droit à l'individuation.
Tout en faisant communauté:
En faisant profiter aux suivant·e·s nos trouvailles. En profitant des trouvailles des un·e·s des autres. En reconnaissant les trouvailles et les luttes de celleux qui nous ont précédé·e·s. En regardant en face cette histoire, ces histoires. Celles que l'on ne nous a pas racontées, celles qui nous sont parvenues déformées.

Parce que pour sortir la tête de l'eau, repousser cette main invisible qui me noie il faut s'y mettre à plusieurs. Il faut faire commun-auté. Pas besoin d'être toustes pareil·le·s, pas besoin d'être toustes d'accord. Nous avons en commun une chose: nous sommes afrodescendant·e·s, issu·e·s de la diaspora africaine, fruits d'une histoire, fruit d'événements, fruits de choix que nous n'avons pas faits parfois. De choix que nous subissons. De choix qui nous agissent. Nous définissent.

Parce que pour se désaliéner il faut savoir. Connaître. Reconnaître. Se reconnaître.
Parce que pour passer à l'action il faut retoruver de l'air. De l'énergie. Sortir la tête de l'eau. S'offrir du répit pour créer de l'espoir. Créer du rêve. Créer des projets. Sortir de la colère, de l'indignation et passer à l'action. Agir nos vies.
Et pour sortir de l'indignation, il faut soigner. Guérir. Apaiser. Pleurer. Accepter sans se résigner. Se décoloniser de l'intérieur et redresser la tête enfin. Retrouver la fierté. L'amour. S'évider de la honte. De la haine. De la peur. Et poursuivre la lutte. A nos manières.

Une manière

"Décolonisons-nos histoires", c'est une manière. Ou un bout d'une manière. Collective. Participative. Evolutive. Tout est à faire.

Personne ne va le faire pour nous mais ensemble on peut le faire? Seul·e c'est dur. Ensemble, c'est possible. Qu'avons-nous à perdre? Une liberté dont nous sommes de toute façon privé·e·s?

Il s'agit de créer de l'historicité en redonnant leur place aux racisé·e·s et aux femmes dans l'histoire pour ne pas recommencer les boucles, pour ne pas avoir à ré-inventer tout depuis zéro à chaque nouvelle génération. D'une manière qui reste. Et qui se transmet.

Le sujet est titanesque et nous en avons conscience. Nous avons également conscience que nous ne sommes pas individuellement pas toustes concerné·e·s par tous les aspects du travail d'histoire à mener pour l'ensemble des peuples et personnes issues d'une part de la diaspora africaine (notamment part les exactions des autres pays colonisateurs et esclavagisants) ni de toute les personnes racisées descendants des peuples colonisés par la France (notamment les pays asiatiques). Il a donc fallu que nous fixions un cadre qui nous semblait réalistement abordable.
Ceci dit, nous pensons ce projet dès le début comme essaimable et nous sommes enthousiastes à l'idée de transmettre, à d'autres groupes qui voudraient reproduire la démarche sur un autre cadre, les outils, nos choix, nos retours d'expérience, etc...